lundi 29 octobre 2007

Gbagbo met fin à la carte Ouattara

La carte de Séjour sera bientôt supprimée en Côte-d’Ivoire, telle est l’annonce que le président ivoirien Laurent Gbagbo a faite le dimanche 28 octobre 2007, à la communauté burkinabé résidant en terre ivoirienne.

Cette information qui a suscité un réel soulagement au sein de la communauté étrangère vivant sur le sol ivoirien prend à contre-pied toute l’orthodoxie professée par les théoriciens d’une Côte-d’Ivoire xénophobe.

Une telle annonce reste aussi un camouflet à celui qui en 1991, en tant que Premier ministre d’Houphouët-Boigny, avait institué, pour la première fois, la carte de séjour : Alassane Ouattara.

L’Administration Bédié qui prendra le témoin maintiendra, de toute évidence, « la carte Ouattara », puisque seul le socialiste Laurent Gbagbo, alors Secrétaire Général du FPI l’avait dénoncée au moment de son instauration en 1991.

La relation de Ouattara à la carte de séjour repose sur une énigme, voire un paradoxe : une posture d’extrême droite pour une personnalité considérée par l'opinion publique comme ayant des origines étrangères (son père, chef traditionnel au Burkina Faso y a vraissemblablement été inhumé).

Le caractère paradoxal d’un tel choix se dissipe dès que l'on sait qu’il est fondé sur l’opportunisme, matière première de la carrière de bon nombre d'hommes politiques.

Plus libéral par formation que par conviction, Ouattara est tout aussi peu sensible aux considérations humanistes si chères aux paroisses de gauche. A défaut de substrat idéologique clair, l'homme vogue à vue, depuis ce jour où fasciné par les lambris des salons Houphouétiens, il s’est mis en tête d'échanger son costume de technocrate contre le boubou de la contestation politique à relents régionalistes.

Les vents qui le jettent au large des côtes ivoiriennes, par un soir des années 90, sont ceux de la contestation du régime autocratique d’Houphouët et la radicalisation de la crise économique qui sévit depuis le début des années 80.

Appelé à la rescousse par un PDCI aux abois, Ouattara préférera très vite le jeu politique à la tâche technique qui lui avait valu d’être le premier (et d’ailleurs le seul) premier Ministre d’Houphouët.

C'est dans le jeu de séduction d'un PDCI profondémént "droitiste", qu' il instaurera, au mépris de la spécificité sociologique de la Côte-d’Ivoire, la carte de séjour, seul acte administratif de l'affirmation identitaire rampante.
Endossant, et radicalisant ainsi les présupposés de ce qui deviendrait l’ivoirité, Ouattara mettra une sorte de ligne de démarcation poppérienne entre ivoirien de souche et ivoiriens d'adoption, nationaux et non-nationaux, ligne virtuelle dont l' activation prend une certain fait dans les événements de septembre 2002.

L’histoire de la "Carte Ouattara" est celle de la plus grande imposture qu’ait jamais donné à voir une organisatiuon politique de la sous-région ouest-africaine. Instaurer des conditions d’austérité sans limite pour les étrangers et - une fois le pouvoir perdu - crier au loup en faisant endosser à ses successeurs le poids de la faute !

Ouattara dénonçant « la xénophobie » en Côte-d’Ivoire ce serait Sarkozy, demain, stigmatisant charter et karcher en France. Simple imposture. Double forfaiture. Triple révisionnisme !

jeudi 25 octobre 2007

Guy Môquet et la Côte-d'Ivoire*



L'essayiste Séry Bailly revient sur l'affaire Guy Môquet, en débusquant, avec clarté, l'indignation à double vitesse de la France officielle.

"Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères " disait en juillet Sarkozy. A la lumière de ce théorème, personne, aujourd'hui, n'a à se repentir de la mort de Guy Môquet. Franchement, si ce n'est pas de la...moquerie.
L'essayiste Séry Bailly, nous apporte ici sa part d'éclairage : soyons attentifs.




Guy Môquet est un jeune Français qui a été fusillé le 22 octobre 1941 par les forces allemandes d’occupation. Avant de mourir, il a laissé une lettre à ses parents. Le Président Sarkozy a demandé qu’elle soit lue dans toutes les écoles de France et de Navarre le 22 octobre 2007.

L’événement historique a même donné lieu à un court métrage intitulé «La lettre». L’histoire est un genre surprenant. Par-delà les années, les événements se télescopent. Ce qu’on célèbre là-bas, a un écho ici et vise versa. La vie et la mort de ce jeune résistant français sont émouvantes. Son courage devant la mort, son affection pour sa famille, son appel aux siens, tout cela ne laisse personne indifférent.L’instruction présidentielle a ouvert un débat dans la société française, surtout parmi les enseignants.

L’histoire doit-elle être convoquée par l’Etat ou sont-ce les citoyens qui doivent se l’approprier à volonté ? Et la liberté pédagogique ? Le chef des éducateurs n’est-il pas éducateur en chef ? Et l’éducation citoyenne alors dans tout cet imbroglio ? Il n’est pas facile de préconiser la rupture et de la mettre en œuvre, dans une logique de continuité ! Guy Môquet vient-il se substituer à Jeanne d’Arc ? La France est-elle en panne d’héroïsme et à la recherche de héros ? S’agit-il de couper l’herbe sous les pieds du vieux Le Pen ?

Il est plus commode pour un jeune président de s’identifier à un homme jeune qu’à une jeune femme ! Certains disent que célébrer le jeune résistant, c’est justifier tous ces jeunes banlieusards qui ont mis des villes à feu et à casse. Toutes les luttes sont respectables, mais pas tous les moyens ! Lui avait un projet pour lequel il se battait, eux ont une rage a exprimer. Là un monde à défendre, ici un autre à détruire, même si c’est pour le reconstruire!

La chaîne TV 5 est-elle fière de faire passer le film consacré à ce jeune héros? Certainement ! Peut-elle reconnaître aux autres jeunes du monde entier, ce droit d’agir héroïquement ? Ceux qui disent que Guy Môquet est une «très belle figure de la France», avaient-ils le droit de défigurer les héros des autres ? Les nôtres étaient des désoeuvrés manipulés, des patriotes de Gbagbo acquis à coups de millions de cfa.

Lui, il ne peut être déclaré patriote de Sarkozy. Ce dernier n’était pas encore né. Lui, il demeure un résistant qui savait à quoi il résistait et était sûr des valeurs qu’il défendait. Que le jeune Guy Môquet soit un militant communiste est aussi un coup que nous recevons en pleine gueule ! Voici qu’on célèbre un jeune rouge. Voilà qu’on ne peut tolérer des dirigeants d’un rose parfois si pâle !

Eux ils ont droit à toutes les couleurs pour constituer leur bouquet national. Nous devons nous contenter de celles de la soumission qui sont toujours brunes ou noires et parfois vertes ! Il avait dix sept ans et demi. Moi je me souviens de ce jeune, qui a été blessé pendant les événements de novembre 2004. Il avait treize ans lui. Il n’est pas mort. Mais qui n’a pas dans les oreilles l’écho de ses paroles ?

«Je n’ai rien dit à ma mère sinon elle m’aurait empêché de défendre mon pays !» Qui se souvient du nom de notre petit héros ? Tel est le drame de la mémoire. Elle peut s’éroder même en se figeant dans la pierre des monuments. Il a eu plus de chance que l’autre dont la tête a explosé dans cette histoire sans queue ni tête ! Guy Môquet a su faire face à ses bourreaux, les regarder droit dans les yeux, avant de s’écrouler. Il est tombé complet sur le sol de France. L’autre a été décapité.

Il n’a pas su qui a tiré. Il n’a pas su pourquoi il a tiré sur eux pour l’atteindre lui. Pour la France officielle, ces jeunes n’avaient pas le droit de défendre leur patrie. Ils étaient manipulés. Ils avaient été conditionnés par les chefs patriotes, ces champions de la haine ! Pourtant, chanter la geste de Guy Môquet, ce n’est pas manifester de la haine envers les Allemands. Ce n’est pas retourner le couteau dans la plaie de l’histoire, ni entretenir ou susciter un sentiment anti-allemand.

Prétendre avoir ses héros est une faute grave. C’est un péché d’orgueil car on prétendrait avoir une histoire à faire. Avoir une histoire, c’est avoir une volonté qui se déploie dans le temps. Vouloir avoir des héros, c’est donc vouloir faire son histoire. Or la dépendance, ce n’est rien d’autre que d’être arrimé à l’histoire d’un autre peuple. Le philosophe Hegel l’a déjà dit clairement et ses frères européens l’ont compris tout aussi clairement !

Nous n’avons pas d’histoire car c’est celle des autres qui est venue se dérouler sous nos fenêtres et sur nos plages ! De tous les péchés, il me semble que l’orgueil est le plus sévèrement sanctionné ! Oui, vouloir faire son histoire, ressemble à une imitation de Dieu. C’est vouloir rivaliser avec lui pour être des «créeurs», selon l’expression du chanteur humoriste !Guy Môquet est un modèle que nous revendiquons pour nous aussi.

Dans sa lettre, nous ne voyons aucune rancœur contre ses bourreaux. Il sait seulement qu’il va mourir et il n’en a pas particulièrement peur. Il est prêt dans sa tête. Il sait pourquoi, il sait pour quoi, il sait pour qui il va mourir ! Reconnaître les héros des autres, c’est se donner le droit d’en avoir soi-même ! Tous les bavards qui ont parlé d’une histoire tournée vers l’avenir, ont glosé en fonction de leurs intérêts du moment. Ils auraient tant voulu que les nôtres coïncident avec les leurs !

Certains ont la possibilité d’instrumentaliser le passé en leur faveur et nous n’aurions pas le droit de vivre notre présent, en fonction du futur dont nous rêvons ! Nous aurions demandé qu’on lise dans nos écoles, la lettre de Lumumba à son épouse et à ses enfants, on nous aurait traités de tous les noms. Mais si nous ne l’avons pas fait, ce n’est pas la faute à Sarko.

Guy Môquet était à l’Ivoire ! Des Ivoiriens ont pensé tout bas, «Tant pis pour lui». Il réssuscite en France, des Français protestent dans les allées des lycées pour ne pas emprunter celles de l’histoire d’Etat. Guy Môquet sera sur la liste noire de l’ONU, condamné par la même France qui le loue !

Séry Bailly

(*) le titre est de nous

lundi 15 octobre 2007

Il y a 20 ans, était assassiné Sankara, le témoignage de l'écrivain ivoirien Tiburce Koffi

20 ème anniversaire de l`assassinat deThomas Sankara : Mémoire d`une tombe (1)
lundi 15 octobre 2007


Thomas Sankara a été assassiné le 15 octobre 1983, par un commando de l'armée burkinabé. 20 ans après sa disparition tragique, son nom reste intimement lié à l'histoire de la renaissance de ce pays du Sahel que les austérités climatologiques, ainsi que les politiques impérialistes de l'exploitation capitaliste, condamnaient, certainement, à une pauvreté plus choquante, plus navrante. Quelques notes circonstancielles, aujourd'hui, à l'occasion de ce 20 ème anniversaire de son élimination physique, pour nous rappeler au souvenir d'une figure sympathique de l'histoire des luttes de libération en Afrique ; et, honorer, du coup, la mémoire d'une illustre tombe.
L'histoire de Thomas Sankara et, du coup, celle de la révolution burkinabé qui porte, indiscutablement, les marques de l'utopie tourmentée qui a alimenté le cerveau et l'âme de ce jeune officier iconoclaste, a fait l'objet de plusieurs ouvrages critiques, biographiques ; de compilations, aussi (2). Ce sont des livres bien menés, signés d'auteurs crédibles, parce qu'ils ont suivi les péripéties de cette histoire qui n'en finit pas d'interpeller l'intelligentsia révolutionnaire, africaine.

Qu'il me plaise ici, de dire quelques mots, à propos de cette histoire. Quand, ce quatrième jour du mois d'août 1983, de jeunes officiers de l'armée nationale de la Haute-Volta, prenaient le pouvoir, nul observateur attentif de la scène politique voltaïque, nul spécialiste des questions africaines, et, peut-même, nul médium à la science infaillible, n'aurait pu spéculer, scientifiquement, ni prévoir (en interrogeant les signes du ciel), la suite de ce énième putsch qui venait de se dérouler dans ce pays que d'aucuns se plaisaient à appeler, ironiquement : ''la capitale des coups d'Etats'' en Afrique de l'ouest francophone. Que n'avaient-ils raison, en réalité ?


Et c'est le président Houphouët __ qui avait une phobie, justifiée, des coups de bottes __ qui avait, le mieux, diagnostiqué le mal pernicieux qui ruinait ce pays : au cours d'un Conseil national, il eut, en effet, à parler d'un pays où " le président avait été renversé par le général ; et ce dernier, par le colonel qui, lui, avait été renversé par le commandant que venait de renverser le capitaine ! ".


On n'était pas très loin de voir le capitaine être renversé, un jour, par un lieutenant pour, à la fin, aboutir à une situation où le dernier chef de ce pays serait un soldat de deuxième classe qui aurait renversé le caporal ! Au-delà de l'ironie pessimiste, il faut souligner la leçon essentielle à retenir de cette réflexion du président Houphouët : la dégradation de la symbolique de l'Etat en tant qu'institution sacrée et respectable. Et le pays où venait de se passer cet énième coup d'Etat, n'était plus loin d'être la risée de l'Afrique francophone (s'il ne l'était déjà), tant les putschs s'y succédaient à un rythme alarmant et,… comique !


Pis, ce putsch, de plus et, apparemment, de trop, ne présageait rien d'autres qu'un recul inquiétant de la stabilité, de l'ordre et de la discipline ; bref : de la paix. Autant de notions très chères à un Houphouët - il en avait même fait le fondement de sa politique. Il n'eut pas tort de penser ainsi : les quatre années de règne de ces officiers furent, en effet, des moments de grands bouleversements dans la vie du peuple qu'on appelait alors, les Voltaïques. La révolution sankariste.


C'est que les nouveaux dirigeants avaient placé l'avènement de leur règne sous un signe qui a toujours suscité chez les tenants des pouvoirs et régimes ''stabilistes'', méfiance, crainte et suspicion : la révolution ! Et quelle révolution ! Tout commence, ici, par une création onomastique : le nom Haute-Volta cède, désormais, la place à une nouvelle appellation : Burkina-Faso __ le pays des hommes intègres. Quelle prétention ! Les habitants de ce pays s'appellent, désormais, des… Burkinabè !


Tous ces mots donnent dans l'insolite ; bon nombre d'entre nous ont même du mal à le prononcer, tant leurs sonorités paraissent comiques et rébarbatives, à nos oreilles. Et on n'hésite même pas à lui préférer le nom Haute-Volta, qui était plus rassurant, plus familier et… plus prononçable ! Enfin, le fait (changer le nom du pays) n'était pas nouveau : Mobutu avait transformé le Congo en Zaïre, Kérékou avait fait du Dahomey, le Bénin ; et, bien avant eux, la Gold Coast de Nkrumah fut baptisé Ghana.


Mais ces pays n'étaient guère avancés dans la voie du saut qualitatif qu'inspiraient leurs nouvelles appellations. Du folklore tropical donc ! Comme seuls savent en produire, ces incorrigibles de nègres !Mais, très vite, les choses prennent une autre tournure. Sérieuse, celle-là : la révolution burkinabé se démarque des cultes de célébration de l'Osagiefo qui caractérisèrent le règne ''divin'', bourgeois, élitiste et peu productif, de Nkrumah ; elle se démarqua, plus nettement, des futilités, niaiseries et obscurantismes du régime de Mobutu ; elle se distingua, davantage, de la culture des slogans creux, sans contenu idéologique véritable, qui étaient en vigueur au pays de Mathieu Kérékou…


Celui qui était à la tête de ce mouvement, s'appelait Thomas Sankara. C'était un dialecticien, un artiste, un véritable officier de l'armée, et un passionné de la cause nouvelle : la renaissance des misérables et complexés voltaïques d'hier à une nation nouvelle, sous le sceau de valeurs qualifiantes et honorifiques : la droiture morale, la fureur de vaincre, le goût de l'effort, du travail, du mérite ; et, par-dessus tout, l'amour (non négociable) du pays : " La patrie ou la mort ! ", disait le nouveau slogan, inspiré de la révolution castro- guevariste.


Et ce slogan exaltait les cœurs des jeunes…Imitation, originalité et téméritéDe tous les chefs d'Etats africains (en tout cas ceux de l'Afrique de l'Ouest) qui se réclamaient de la révolution, seuls Nkrumah (3) __ du fait de la vaste érudition de type universitaire de ce dernier __ et Thomas Sankara, avaient les outils conceptuels de l'action révolutionnaire. Sankara n'a, certes, pas lu entièrement Le Capital (qui a d'ailleurs lu, entièrement, cet immense texte ?) ; mais, il avait, au moins, lu et relu Le manifeste du parti communiste et Le bilan de la révolution cubaine.


Il avait aussi, et surtout, lu et assimilé L'Etat et la révolution (Lénine). Ce dernier livre était d'ailleurs son livre de chevet. Le " Discours d'orientation " qu'il prononce, le 2 octobre 1983, au nom du CNR (Conseil national de la révolution), porte les marques de ces lectures et cette culture ''révolutionnaire''. C'est un texte d'une vingtaine de pages (en format livre) où Sankara se livre à une analyse dialectique des contradictions de classes qui orchestraient jusque là, (avant la révolution) le mouvement de la société voltaïque.


Il débouche sur la légitimation de la solution radicale qu'impose la révolution en tant que bouleversement total et violent des structures traditionnelles de pensée : " La révolution d'août arrive, par conséquent, comme la solution des contradictions sociales qui ne pouvaient désormais être étouffées par des solutions de compromis (4) ". Toute la légitimation et la justification du caractère répressif de la praxis ''révolutionnaire'' se trouvent dans ces lignes.La classification sociale (de la société voltaïque) à laquelle il se livre, n'est rien d'autre qu'un replâtrage des thèses et analyses que Lénine à produites sur la société féodale russe d'avant la révolution d'octobre 1917.


A la relecture de ce texte (qui m'avait fortement enthousiasmé et impressionné à l'époque), je me demande, aujourd'hui, comment un dirigeant africain de pays en dessous même du sous-développement, en est-il arrivé à ''servir'' à son peuple (un peuple de non alphabétisés et peu instruit de ces questions d'une réelle aridité conceptuelle et philosophique), un tel discours, absolument irréaliste et inadapté au contexte sociologique et historique-cible. Ah, jeunesse !!!Dans ce discours ''historique'', Sankara parle, s'agissant de la société voltaïque, de la bourgeoisie compador, de la bourgeoisie d'Etat, de la classe ouvrière voltaïque (combien d'industries et de quelle nature, existait-il en Haute-Volta, pour qu'on parle de masses ouvrières voltaïques, locales ?!) ; enfin, du lumpen-prolétariat. Qui avait, vraiment, compris, ce discours ?


C'est, cependant, un discours de forte teneur idéologique, retransmis par la télévision, et qui va orienter, DIRIGER, effectivement, le vécu social et politique des Burkinabè… En quatre années de règne, les jeunes officiers dirigeants du Conseil national de la révolution (CNR), vont imprimer un dynamisme exemplaire à leur pays : tous les secteurs de la production sont, sans cesse alertés. Le Burkina Faso devient alors, un immense chantier à ciel ouvert : constructions de salles de classes, de centres de santé, tracés et aménagements de routes, politique d'hygiène, etc., tout cela, soutenu et mis en mouvement par une propagande et une pression idéologiques qui ne furent pas sans nous rappeler le contexte policé de la révolution cubaine.


Les nouveaux leaders, surtout leur porte-parole, le capitaine Thomas Sankara, ne s'en cachent d'ailleurs pas (4)…La création des CDR (en référence à ceux de Cuba) et des Tribunaux populaires (inspirés de Che Guevara), le discours, téméraire (à la limite de l'outrage à l'ordre ancien), la permanence des militaires dans le vécu quotidien du peuple nouveau, les jugements sommaires, la répression sans appel de l'intelligentsia critique, les slogans tapageurs et ravageurs, les prises de positions officielles (tranchées, sans nuance et, surtout, sans égard aux chefs d'Etat environnants non membres de la ligne de front), etc., tout, ici, se présente comme une copie de la révolution cubaine.


Mais c'était, surtout, un climat de forte pression psychologique ; un climat de déclarations démagogiques, spectaculaires, certes, mais inutilement provocateurs et inefficaces… Il y a tant de choses à dire sur Thomas Sankara. Tant de choses… belles, comme mauvaises ! Brûlons cependant les étapes, pour les nécessités d'un article de journal.Fin de l'histoire et début de la légendeDes dissensions sournoises fissurent, entre-temps, et progressivement, le mur du CNR.


Les exactions des CDR, les jugements sommaires rendus par les Tribunaux populaires, le climat de répression policière, l'hostilité grandissante de nombreux chefs d'Etat que commençaient à exaspérer les outrances verbales du jeune et présomptueux révolutionnaire, etc., tout cela finit par atteindre un seuil de contradictions impossibles à gérer… Le soir du 15 octobre 1987, la nouvelle grave parvint aux oreilles du monde entier, stupéfié : Thomas Sankara, ainsi que 12 de ses collaborateurs, viennent d'être assassinés par un détachement militaire, à l'issue d'un putsch.


Le nouvel homme fort du pays des hommes intègres ( ?) s'appelle Blaise Compaoré. Il était le second du régime. L'homme de confiance du capitaine Thomas Sankara. Et, ceux des habitants du pays des hommes intègres, qui avaient de la mémoire, se souvinrent que l'officier au cœur pur et aux rêves de grandeur pour le pays, avait dit un jour que, seul Blaise Compaoré, son compagnon d'armes, son homme de confiance et son ami-frère, pouvait le tuer, si l'envie de le faire le prenait. Et il en fut, peut-être, ainsi !


Peut-être… Deux années après, exactement le 19 septembre 1989 étaient exécutés les commandants Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo. Des 4 compagnons d’armes de la révolution du 4 août 1983, il ne restera plus qu’un seul: Blaise Compaoré. Une fois de plus la révolution avait mangé ses propres enfants. C’est une vieille chanson. Il s'appelle Isidore-Noël Thomas Sankara. La jeunesse de son pays l'appelait, affectueusement : Tom Sank. Il est né le 21 décembre 1949 à Yako (Pitié, en baoulé !).


Il est arrivé au pouvoir, dans un pays d'Afrique qui s'appelait la Haute-Volta, le 04 août 1983. Il a changé le nom de ce pays, et l'a baptisé de celui de Burkina-Faso - le pays des hommes intègres. Le 15 octobre 1987, il a été assassiné, à l'issue d'un putsch. Voilà ce que dit de lui, l'histoire objective. Il était le fils du soleil et de la pluie avare du Sahel. Il était un quêteur d'aubes nouvelles, le prophète et l'artisan de la renaissance d'un petit pays qui, naguère, grelottait de honte et de nudité scandaleuse.


Une nuit tombante, des dévoreurs d'âmes l'ont précipité dans le royaume souterrain où trônent, superbes et de grandeur immaculée, les immortels de l'Histoire ! Ainsi, dira de lui, le conteur habile d'un soir de souvenirs lancinants. L'histoire de Sankara est finie. Vive sa légende !


Tiburce KoffiEcrivain, ex-membre du club sankariste de Ouaga.
tiburce__koffi@yahoo.frTél. (00225) 01-05-40-43.


Notes : 1 / " Mémoire d'une tombe ", un roman de Tiburce koffi, en hommage à la révolution sankariste. La sortie de ce livre, prévue pour ce lundi 15 octobre, a été différée.
2 / Voir, notamment : " Sankara le rebelle " de Sennen Andriamirado, " Thomas Sankara : Oser inventer l'avenir ", présenté par David Gakunzi, " Les années sankara ", de Bruno Jaffré, " Thomas Sankara, l'espoir assassiné " de Valère D. Somé, etc.
3/ Lire " La lutte des classes en afrique ".
4/ Discours d'orientation politique, 02 octobre 1983.
5/ Le 08 octobre 1983, Camillo Guevara, le fils du Che, est ainsi reçu, en grand pompe, à Ouagadougou, dans le cadre d'une exposition en commémoration du 20 ème anniversaire de l'assassinat de Che Guevara. Le discours prononcé à cette occasion fut le dernier de Thomas Sankara.


Pendant ce temps, le RDR de Alassane Ouatarra commémore l'arrivée au pouvoir de Blaise Compaoré, ce même lundi du 15 octobre, rapporte le quotidien ivoirien "Le Nouveau Réveil".


20ème anniversaire de Compaoré au pouvoir : Une délégation du RDR au Burkina
lundi 15 octobre 2007

Madame le Professeur Henriette Dagri-Diabaté, Secrétaire Général du Rassemblement des Républicains (RDR) a quitté à Abidjan ce matin pour Ouagadougou la capitale du Burkina Faso, où elle représentera du 14 au 16 Octobre 2007, le Premier Ministre Alassane Dramane OUATTARA, Président du RDR, invité à la cérémonie de commémoration du 20ème anniversaire de l'accession au pouvoir de SEM Blaise COMPAORE, Président du Faso. Madame le Secrétaire Général du RDR est à la tête d'une importante délégation du Parti comprenant notamment :-Monsieur Amadou Gon COULIBALY Secrétaire Général Délégué ;-Monsieur Amadou SOUMAHORO Secrétaire Général Adjoint Chargé des Affaires Politiques ;-Madame Camara Kandia, Secrétaire Général Adjoint chargé de l'Animation, de la Formation et de la Solidarité, Porte Parole Adjoint ;-Monsieur le Professeur Hyacinthe SARASSORO, Vice Président du Conseil Politique ;-Monsieur le Professeur SIDIBE Valy Secrétaire National à la Formation;-Monsieur KARAMOKO Yayoro, Président du Rassemblement des Jeunes Républicains (RJR). Madame le Professeur DAGRI-DIABATE participera également au Colloque International:"Démocratie et Développement", organisé par le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) à l'occasion de cette cérémonie de commémoration.Enfin, Madame Henriette DAGRI-DIABATE mettra à profit son séjour pour rencontrer les autorités du Burkina Faso et les responsables du CDP avant de regagner Abidjan.


Fait à Abidjan le 14 Octobre 2007
Pour la cellule de Communication Amadou Coulibaly
Conseiller en Communication

mardi 9 octobre 2007

Patriotes ivoiriens n'oublions jamais nos martyrs, Sarkozy nous en donne l'exemple !


L'amnésie est la maladie la plus corrosive qui puisse frapper un peuple. S'il faut se réconcilier avec soi-même, à l'échelle nationale et continentale, sachons avoir de la mémoire.


Hier les hordes hitlériennes ont fusillé des français. En 2004, c'était des "SS" français qui fusillaient à l'hotel Ivoire de jeunes ivoiriens. Les années se sont écoulées mais la France se souvient toujours.


Ce ne sera pas être ennemi de la mesure que de garder la mémoire des événements de 2004 !

A propos de la larme sélective française, lire l'article sur le lien suivant :