mardi 24 avril 2007

Wader-gate !

Certains chefs d’Etats ouest-africains trouvent que la nationalité ivoirienne est (devenue) incompatible avec le Gouvernorat de la Bceao. Le nom d’un de nos compatriotes a été entendu à Ouagadougou, mais la flagrante « ivoirité » de son patronyme n’a pas manqué d’agacer les oreilles d’Abdoulaye Wade, donné pour mentor de la campagne anti-ivoirienne.


La Bceao n’a donc toujours pas de Gouverneur et le temps que Compaoré ait achevé les consultations qui devraient déboucher sur le choix d’un remplaçant à notre concitoyen Konan Banny, le burkinabé Damo Baro, occupera le fauteuil du Prince de Morofê. On le sait, la tradition veut que la Bceao soit gouvernée par un ivoirien, comme la même tradition veut aussi que la terre sénégalaise soit la seule habilitée à abriter le siège central de la Bceao. C’est cette coutume que l’on entend escamoter en contestant à la Côte-d’Ivoire son traditionnel « privilège ».


Pourtant, la notion de « gouvernorat tournant » sous des dehors égalitaristes masque mal sa mesquinerie. Car, pour être conséquente, une telle idée devrait aussi logiquement s’accompagner de celle d’un siège central mobile, « tournant» de Dakar vers n’importe quelle autre capitale ouest africaine… afin de garantir à la Bceao son parfait brevet d’aptitudes giratoires.


Le gouvernorat ivoirien, qu’il s’agit bien de « casser » comme se plaisent à en rêver les anti-ivoiriens, n’est fondé sur aucune forme de tyrannie. La Bceao est ce groupe au sein duquel la Côte-d’Ivoire détient 43 % de la masse monétaire, suivie d’un Sénégal fort de ses 20%. En raison du poids économique de la Côte-d’Ivoire – qui garde d’ailleurs ses 43 % malgré la crise – les Chefs d’Etat de la Cedeao ont toujours jugé conséquent d’attribuer le gouvernorat à notre pays et le siège de l’institution au Sénégal des 20%. Certains présidents ouest africains voudraient, partialement, mettre en crise cet équilibre. Mais quelle est donc la place de l’honnêteté dans la lutte pour l’hégémonie ?



Traités, chartes et accords internationaux recommandent aux Etats de ne jamais servir de base arrière aux rébellions armées. Cette interdiction qui va bien au delà de la seule restriction spatiale se trouve, dans les faits contournée par des choix et postures diplomatiques. La revendication d’un gouvernorat tournant, précisément à une heure de difficulté politique en Côte-d’Ivoire, n’est rien d’autre qu’un prolongement de la main des hordes assaillantes. Mais la rébellion ivoirienne, après avoir fait saliver plus d’un, à la perspective d’un effondrement du leadership économique ivoirien, n’a pu tenir ses « promesses » corrosives…

Finalement, l’épisode de Ouagadougou, au delà de ses péripéties, nous interpelle au moins en trois points.


Premièrement, au niveau des mécanismes électoraux en vigueur au sein de la Bceao. Pour éviter l’aventure, la Bceao devrait sans doute substituer à la coutume des textes de loi clairs. C’est-à-dire qu’elle devrait formaliser son cadre « gouvernoral » en tirant les conséquences des rapports de forces économiques en présence. La coutume a déjà eu la lucidité de tenir compte d’un tel paramètre, reste à la loi de les formaliser et de les protéger.


Deuxièmement, au niveau des rapports entre l’Exécutif sénégalais et la Bceao. Le Président du Sénégal serait-il celui de la Bceao ? L’exécutif dakarois aurait-il le droit d’interférer dans les questions internes à l’institution ? Des voix introduites prêtent à Wade d’avoir exhibé devant ses pairs à Ouagadougou, une documentation attentatoire à la gestion de notre concitoyen Charles Konan Banny. Mais comment de tels dossiers, s’ils existent, ont-il pu se retrouver sous le boubou du pape du Sopi ? Par ailleurs, le burkinabé Damo Baro peut-il être étranger à ce qui ne serait, si prouvé, qu’une scandaleuse « fuite » ?


Troisièmement, Ouagadougou nous interpelle au niveau des représentations de l’alternance et des modes d’accès à la promotion : qu’est-ce qui doit vraiment tourner en Afrique de l’ouest, le gouvernorat ou les économies nationales ? Un certain réflexe pousse à accorder plus d’intérêt aux fonctions qu’aux normes techniques requises à leur l’exercice.



La question de la promotion, après s’être banalisée dans nos administrations, en affaire de « Gbass » ou de « Djigbo , finit par faire du contentieux électoral la cause principale des guerres sur le continent. A vrai dire, le débat sur le gouvernorat tournant aurait été plus productif dans l’effort économique des pays de notre sous région à supplanter, loyalement, le champion ivoirien. Une telle compétition serait plus bénéfique à nos finances nationales respectives et relativiserait, un tant soit peu, le problème de l’immigration incontrôlée.

Excellences Lectrices, Excellences Lecteurs, ce que je pense vraiment de cette affaire de tournis je vais vous le dire sans tourner en rond : Wade et Tandja doivent tourner la page du gouvernorat tournant, car la vérité est sans détours : « Le Gouverneur a été ivoirien et sera ivoirien ».

3 commentaires:

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Anonyme a dit…

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