jeudi 17 mai 2007

Ouagadou-goût !


Les accords, les mets, comme les médicaments ont leur goût. Celui de Marcoussis est connu. Mais quel goût a Ouagadougou ? Laissons nous porter par la musicalité du mot. « De la musique avant tout » ! disait Verlaine.

Ouagadougou a le goût de « Devandougou »

« Un retrait de la communauté internationale est envisageable dès maintenant » a dit, savoureuse, Mme Girardin. Une vérité aussi succulente transforme Ouagadougou en spécimen de réussite culinaire. Il manquait, toutefois, à l’assiette des compétences une touche d’épices. Ce fut à Mme Alliot Marie de nous l’offrir, en une pincée délectable et claquante : « Un plan de retrait ne se fait pas comme ça, en claquant des doigts». Leçon de cuisine à une congénère un peu pressée ou mise au point à notre fondante hilarité de nègres ? Qui aurait le mauvais goût de discuter de goûts et de couleurs ? Avec Ouagadougou, « nous sommes de Devandougou », nous rassure Mme Girardin. Mais en allant à Devandougou, ne laissez pas, Madame, en chemin, votre disponibilité, ça peut servir !

Ouagadougou a le goût de la science

Cela, nous le tenons du Pr. Djédjé Mady qui s’est proposé cette semaine, de nous offrir une taxinomie des accords. L’ex porte-parole – et quand même dignitaire du parti qui a inventé la technologie électorale – s’est fendu d’un critère de démarcation : « Le bon accord, c’est celui qu’on applique » (nous en discuterons tout à l’heure, professeur). Karl Popper, lui, disait à peu près que la « la bonne théorie, c’est celle qu’on discute », de sorte que les théories indiscutables, « infalsifiables », devaient être considérées comme relevant de la métaphysique, de la non-science. Ce catalogage, voire, cette exclusion, n’a pas manqué de faire de grands frustrés, les problèmes d’identification ne se posant pas qu’au genre humain.

Des deux grands professeurs que sont Popper et Djédjé, nous retiendrons quelques brillantes citations. De Popper : « Ce n’est pas nous qui créons la distinction entre nombres pairs et impairs : c’est une conséquence inintentionnelle et inévitable de notre création ». De Djédjé : « Le Fpi est un margouillat sur le mur du pouvoir », maxime chamarrée et picaresque comme seul sait en produire l’homme. A celle-ci s’est ajoutée, récemment le suivant aphorisme : « Si Kah Zion et Adjoumani devaient aller à la Maca nous irions tous à la Maca ». (Prière, cher confrère de ne pas l’écouter, l’homme était introuvable le 16 décembre 2006).


Ouagadougou et son bon goût

Le professeur bien aimé prend à revers l’orthodoxie scientifique en prétendant que « le bon accord est celui qu’on applique ». Empiriste de la démesure, Djédjé statue, dans la pure logique utilitariste cher à Protagoras, Gorgias et autres grands noms du show-biz de l’époque. Mais, au fond, n’est-ce pas un peu cela la méthode expérimentale, tirer des conclusions après l’expérience ? Il se trouve, toutefois, que les accords, bien qu’ils se veulent des solutions, ne sont pas des solutions pour tubes à essai, ce sont des règles et comme tel, leur qualité ne dépend pas nécessairement de leur application, mais plutôt de leur applicabilité, c’est –à-dire finalement de leur légitimité.
En faisant reposer la qualité d’un accord sur son application, Djédjé frustre l’accord de son statut normatif. Avec lui, un accord ne tient plus sa qualité de lui-même, mais du bon vouloir des acteurs politiques. Dire qu’ « un accord est bon parce qu’on l’applique » c’est affirmer, que l’accord entre le Reich, je ne sais plus lequel, et le régime de Vichy était bon, parce que respecté, par les parties signataires. C’est tout simplement théoriser l’opportunisme, légitimer le dérèglement, disqualifier les valeurs. Et le paradigme djédjéen est d’autant plus dangereux qu’il n’a pas de noyau dur. Il est flasque, maniable et pliable aux caprices de tous poils.
Il faut remettre Djédjé sur les pieds comme Marx ambitionnait de remettre Hegel sur les siens.

Ouagadougou et un certain goût de l’aventure

L’un des goûts de Ouagadougou, c’est sans doute aussi d’avoir remis au goût du jour, le goût de l’aventure. Ils sont tous allés au Burkina, comme jadis, allaient à Ouaga les victimes (propitiatoires ?) du probatoire. Combien sont-ils à avoir fuit ce mémorable Gôpô de Balla Kéita ? Combien furent-ils à dialoguer directement avec le baccalauréat, sans passer par le mauvais raccourcis du Proba Koula(bac). Certains, venus composer, c’est-à-dire lutter contre leur décomposition, on prétendu être venus pour le Fespaco. Ouaga, est un lieu de diversité socioculturelle et c’est pourquoi certains y sont venus en en marchant, d’autres en courant. Bictogo, on le sait, ne s’est pas rendu à Ouaga à la même allure que Tagro. Certains en sont revenus, d’autres conservent intact leur goût du dépaysement. Un bon accord, est celui qu’on signe sans courir.

Ouagadougou et Mlinklé

Or donc, on pouvait aussi passer par Ouagadougou pour rallier Mlinklé ? Pourquoi alors certains ont-il choisi de nous faire passer par le « sumétière » du 19 septembre ? La liste des mégalopoles parcourues est longue : Paris, Kaklédou, Gléblè, Accra, Pretoria. Aucune chancellerie n’a estimé nécessaire le détour par la nécropole. Tous les chemins menant finalement à Rome, point n’était donc besoin de prendre des armes, pour qu’advinsse, le jour de notre jour. Des dispositions constitutionnelles claires nous permettaient et nous permettent encore aujourd’hui, de discuter ensemble de la direction et du goût à donner à nos lendemains collectifs. C’est une affaire de survie et d’épanouissement commun.

Excellences Lectrices, Excellences Lecteurs, certaines plaies ne guérissent qu’à l’ « indigénat ». Nos amis naturothérapeutes n’aiment pas qu’on nomme ainsi leur riche science. Mais, à vrai dire, il nous appartient tous d’y mettre le prix afin que soient revalorisée aux yeux du monde, notre capacité à guérir, par nous-même, de nos maux. Notre aptitude à nous soigner, nos coûts et à notre goût !

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